Page 54 - revue_N22_avril_2018
P. 54

à  l’OCDE  et  au  GAFI  mais  doivent  n'implique  pas  que  la  société  a  de se mettre en conformité avec la
      être intériorisés.                   rempli  de  manière  satisfaisante  Recommandation n° 22 du GAFI.
                                           ses fonctions de supervision et de
      A.    Extension  du  champ  d’ap-    gestion.  Une  telle  détermination  D.   Mise  en  place  d’un  re-
            plication de la responsabi-    doit être faite par un tribunal. Cela     gistre  de  bénéficiaires
            lité  pénale  des  personnes   implique  un  plus  grand  défi  pour     effectifs
            morales                        l'enquête,  car  elle  doit  être  suffi-

      Le  champ  d’application  de  la  res-  samment  efficace  pour  réfuter  la   La  UAF,  à  travers  la  circulaire  57
                                                                                du  12  Juin  2017,  a  défini  de  la
      ponsabilité  pénale  des  personnes   conformité  attestée  par  la  certifi-  même  manière  que  la  législation
      morales a été étendu au recel par    cation accordée ». Les lignes direc-  française  le  bénéficiaire  effectif
      la  loi  n°20.931  connue  sous  le   trices  ajoutent  qu'un  procureur   mais  avec  un  seuil  de  participa-
      nom de loi de l'ordre du jour anti-  doit prouver qu'un modèle certifié   tion inférieur, c’est-à-dire la ou les
      délinquance  du  5  août  2016  mais   n'a pas été « mis en oeuvre effecti-  personnes  physiques  qui  soit  dé-
      il est recommandable de l’étendre    vement  et efficacement ». D’autre   tiennent,  directement  ou  indirec-
      davantage  à  des  infractions  con-  part,  les  préoccupations  concer-  tement, plus de 10 % du capital ou
      nexes  en  lien  avec  l'environne-  nant  le  processus  de  certification   des  droits  de  vote  de  la  société,
      ment ou des conduites anticoncur-    des  modèles  de  compliance  de-    soit  exercent  un  pouvoir  de  con-
      rentielles.  Par  exemple,  un  projet   meurent.  Le  Chili  n'a  pas  pris  de   trôle  effectif  sur  la  société.  Cette
      de  loi  du  8  juin  2016  prévoit  la   mesures suffisantes pour s'assurer   circulaire  exige  des  entités  assu-
      mise  en  oeuvre  d’une  infraction   que  les  entités  de  certification   jetties  aux  obligations  de  LCB/FT
      de corruption privée, et que celle-  soient  qualifiées  en  matière  de   de  solliciter  à  ses  clients  per-
      ci puisse entraîner la responsabili-  conformité à la lutte contre la cor-  sonnes morales ou structures juri-
      té  pénale  des  personnes  morales.   ruption. Le Chili n'a pas non plus   diques  une  déclaration  contenant
      Dans  le  même  sens,  un  projet  de   précisé la norme et la méthodolo-  l’information  de  ses  bénéficiaires
      loi du 6 septembre 2017 incorpore    gie que les entités de certification   effectifs.  De  plus,  la  norme  exige
      l’infraction  d’incitation  á  la  vio-  doivent  appliquer.  Il  n'y  a  pas   de  mettre  en  oeuvre  des  mesures
      lence dans la loi n°20.393.          d'indications sur les éléments im-   raisonnables  pour  vérifier  l’infor-
                                           portants  pour  prévenir  la  corrup-
      Il  est  primordial  d’élargir  les  in-  tion étrangère. La clarification des   mation  communiquée  par  le
      fractions sous-jacentes au blanchi-  modalités  la  certification  est  ur-  client.  Enfin,  cette  circulaire  in-
      ment  d'argent,  en  intégrant,  entre   gente  compte  tenu  du  rythme  au-  dique  que  si  la  personne  morale
      autres,  tous  les  crimes  de  traite   quel  les  entreprises  chiliennes   ne fournit pas l'information de ses
      des  êtres  humains  en  général  et   cherchent  à  obtenir  une  certifica-  bénéficiaires  effectifs,  cela  doit
      l'extorsion.                         tion.                                être  considérer  comme  un  signal
                                                                                d’alerte en vue de procéder à une
      B.    Clarification de la certifi-   C.   Extension  des  assujettis      déclaration de soupçon. Si la prise
            cation  du  modèle  de              à l’obligation de soupçon       en  compte  juridique  du  bénéfi-
            compliance                                                          ciaire  effectif  est  louable,  en  pra-
                                           La  réglementation  chilienne  de- tique,  la  collecte  de  l’information
      Le  Groupe  de  l’OCDE  de  lutte  vrait exiger des entités non finan- s’avère  compliquée  étant  donné
      contre  la  corruption  préconise  au  cières  appropriées,  notamment  l’absence de connaissance de cette
      Chili de clarifier le rôle de la certi- des  avocats,  des  comptables  et  norme  juridique  de  la  part  des
      fication du modèle de compliance,  des auditeurs qu’ils effectuent des  clients, responsables de compléter
      en  examinant  la  qualité,  les  mé- déclarations  de  soupçons  et  les  la déclaration de bonne foi. Ainsi,
      thodes  et  les  normes  des  agents  protéger  des  poursuites  judi- les entités assujettis se retrouvent
      de  certification.  Ainsi,  dans  son  ciaires si elles signalent des cas de  face à un dilemme : refuser la rela-
      rapport de suivi de la phase 3 da- corruption.  À  l’heure  actuelle,  ils  tion commerciale et effectuer une
      tant de mai 2016, l’OCDE rappelle  sont  exemptés  des  obligations  de  déclaration de soupçon ou bien ne
      que  le  rapport  de  phase  3  avait  LCB/FT  en  raison  des  obligations  pas respecter en totalité cette cir-
      relevé  des  opinions  contradic- de confidentialité qui s'appliquent  culaire en prenant en compte l’ab-
      toires  sur  l'effet  juridique  de  la  à  leurs  professions.  Il  serait  op- sence  de  compréhension  des
      certification. Depuis lors, le Chili a  portun d’exiger de ces professions  clients.    C’est  la  raison  pour  la-
      publié  les  lignes  directrices  pour  le respect des obligations de vigi- quelle,  il  serait  intéressant  de
      les  enquêtes  d'entreprise  de 2014  lance relatives à la clientèle et de  mettre  en  place  l’obligation  de
      qui stipulent que « la certification  conservation  des  documents  afin  confectionner  un  registre  public


     54

                                                       N 22– Avril 2018
                                                        °
   49   50   51   52   53   54   55   56