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de  la  cartographie  mon-         mécanismes de sanction, et que  par l’élaboration d’une stratégie
         diale des AAC                      ces mécanismes sont principale- ou  d’un  plan  d’action  national
                                            ment  administratifs  (pour  56  anticorruption .
                                                                                             19
                                            autorités parmi les 82 disposant
         A. Les compétences des auto-       d’un  pouvoir  de  sanction).  De   L’efficacité  des  stratégies  natio-
         rités anticorruption               fait,  les  sanctions  administra-  nales de lutte contre la corruption
                                                                               repose le plus souvent sur la per-
         L’enquête  révèle  que  63%  des   tives  semblent  être  un  outil  ré-  tinence de l’analyse situationnelle
         AAC  interrogées  (108  sur  171)   pandu  pour  réprimer  les  man-  d’un  pays.  À  titre  d’exemple,
         sont autorisées à mener des en-    quements  aux  normes  anticor-    l’identification et l’étude des sec-
         quêtes et/ou des procédures pé-    ruption,  en  particulier  celles   teurs à haut risque de corruption
         nales.  Ces  enquêtes  et  procé-  liées aux obligations de  préven-  peuvent  aider  un  État  à  définir
         dures pénales concernent princi-   tion qui n’entraînent pas néces-   des  priorités  stratégiques  et  à
         palement  des  personnes  phy-     sairement  de  responsabilité  pé-  allouer  des  ressources  là  où
         siques,  mais  les  personnes  mo-  nale.  Les  sanctions  administra-  elles sont le plus nécessaires. En
         rales  entrent  également  dans  le   tives paraissent également favo-  ce  sens,  l’expertise  des  AAC
         périmètre  de  79  autorités.  De   riser une application plus rapide   peut être particulièrement béné-
         nombreuses  études  font  la  dis-  des règles de lutte contre la cor-  fique : leurs connaissances spé-
         tinction entre les AAC dotées de   ruption.  Par  contraste,  les  sanc-  cialisées  sur  les  risques  de  cor-
         pouvoirs  d’enquête  et/ou  de     tions pénales sont généralement    ruption peuvent être  mobilisées
         poursuite,  qui  peuvent  être  gé-  prononcées  à  l’issue  de  procé-  pour conduire une analyse appro-
         néralement  associées  à  des  ser-  dures plus longues.              fondie  des  problématiques  secto-
         vices répressifs selon les critères                                   rielles et  pour  concevoir  des  me-
         de  l’article  36  de  la  CNUCC,  et  B. Missions  des  autorités  an-  sures anticorruption adaptées. Par
         celles chargées des missions pré- ticorruption                        ailleurs, les AAC peuvent être im-
         ventives,  éducatives  et  informa-                                   pliquées  dans  l’évaluation  des
                                         17 En ce qui concerne les missions
         tives  énoncées  à  l’article  6 .                                    stratégies  nationales  de  lutte
         Cette  distinction  peut  être  per-  confiées aux AAC, on peut noter   contre  la  corruption.  Selon  les
         çue  dans  les  résultats  de  l'en-  qu’une majorité d’autorités sont   lignes directrices de l’ONUDC, des
         quête,  qui  indique  que  les  AAC   chargées  de  concevoir  et  de   évaluations  périodiques  des  stra-
         purement  préventives  (63  sur    mettre  en  oeuvre  des  stratégies   tégies  devraient  être  conduites  à
         171  interrogées)  sont  un  peu   nationales de lutte contre la cor-  une fréquence raisonnable afin de
         moins répandues. En outre, l’en-   ruption.  Certaines  organisations   déterminer  leur  adéquation  pour
         quête suggère que les AAC sont     dirigent  ces  processus  (52  %),   prévenir  et  combattre  la  corrup-
         davantage  amenées  à  enquêter    tandis  que  d’autres  apportent   tion .  De  même,  l’OCDE  recom-
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         et  à  poursuivre  des  individus   leur  soutien  en  tant  que  contri-  mande  aux  États  d’élaborer  des
         pour  des  actes  de  corruption   butrices (48 %). Dans ce dernier   référentiels  et  des  indicateurs,
         que les entreprises mêmes. Cela    cas,  un  organe  de  coordination   ainsi  que  de  recueillir  des  don-
         semble  rejoindre  l’argument  se-  ou un groupe de travail intermi-  nées crédibles sur l’efficacité glo-
         lon lequel il serait nécessaire de   nistériel  est  susceptible  de  su-  bale de leurs systèmes nationaux
         renforcer  la  responsabilisation   perviser l’élaboration de la stra-  d’intégrité  dans  le  cadre  de  leur
         des  personnes  morales  en  ma-   tégie  nationale.  Peu  d’entités   approche stratégique . Là encore,
                                                                                                   21
         tière  de  corruption,  conformé-  interrogées (9 sur 171) ont indi-  l’expertise  des  AAC  peut  contri-
         ment à l’article 2 de la Conven-   qué  que  leur  pays  ne  disposait   buer  à  orienter  et  conduire  de
         tion  de  l’OCDE  sur  la  lutte   pas  de  stratégie  nationale  de   telles évaluations.
         contre  la  corruption  d’agents   lutte  contre  la  corruption.  L’en-
         publics  étrangers  dans  les  tran-  quête  semble  confirmer  que  de  Un  certain  nombre  d’AAC  sont
         sactions  commerciales  interna-   nombreux  gouvernements  ont  chargées  de  contrôler  la  probité
         tionales .                         choisi  de  se  conformer  aux  exi- des  responsables  publics  et  de
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                                            gences de la CNUCC, en particu- renforcer la transparence du pro-
         Concernant les  pouvoirs répres-   lier  à  l’article  5  qui  invite  les  cessus  décisionnel  public.  En  ef-
         sifs  des  AAC,  on  peut  souligner   États parties à adopter des poli- fet,  39  %  des  organisations  son-
         que moins de la moitié des enti-   tiques  efficaces  et  coordonnées  dées (soit 66 sur 171) ont indiqué
         tés sondées (48 %) disposent de    de  lutte  contre  la  corruption,  être  en  charge  de  la  gestion  des



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