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totalité des femmes (94 %) et exploiteurs sur ces victimes est tions restent donc totalement in-
97 % sont majeures. Ces vic- d’autant plus forte du fait de visibles pour les autorités.
times sont plus âgées, 41 % ont leur proximité familiale qui im- Notons que seule une partie des
30 ans ou plus. Cependant, 13 % plique des conflits de loyauté si victimes de traite est accompa-
des victimes avaient moins de ces dernières dénoncent leurs gnée par les associations. Ainsi,
18 ans lorsque l’exploitation a proches . Pour toutes ces vic- les victimes recensées dans
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débuté. Un peu plus du tiers times, les associations ont dé- l’enquête ne peuvent pas être
sont originaires d’Afrique de tecté une situation d’addiction considérées comme un échantil-
l’Ouest (34 %), principalement (alcool, drogue ou médicament). lon représentatif de l’ensemble
de Côte d’Ivoire et du Sénégal. L’une des particularités de la des victimes présentes sur le
Contrairement à d’autres contrainte à commettre des dé- territoire français. Il est pos-
formes d’exploitation, les vic- lits est que les personnes ex- sible que certaines catégories
times sont généralement sorties ploitées se retrouvent à la fois de victimes, notamment selon le
de leur situation d’exploitation victimes de traite des êtres hu- type d’exploitation qu’elles su-
lors de la prise en charge par mains et auteurs de délits : 15 % bissent, soient davantage détec-
l’association (75 %). Lorsque le des victimes ont été mises en tées et prises en charge par les
principal exploiteur est connu cause dans des faits liés à leur associations que d’autres.
de la victime, il s’agit d’une per- exploitation. Plus de 8 victimes Comme évoqué supra, les activi-
sonne de son entourage (27 %), de ce type d’exploitation ayant tés des associations ayant ré-
de son employeur (24 %) ou d’un été mises en cause sur 10 ont pondu ont un fort impact sur
membre de la famille (12 %). La été condamnés pour ces faits. les résultats et peuvent ainsi
vulnérabilité des victimes peut iv. Les victimes de mendicité entraîner une surreprésentation
être plus importante pour les forcée des victimes de certaines
femmes victimes car certaines formes d’exploitation.
d’entre elles peuvent vivre une En 2018, les victimes de mendi-
grossesse au cours de leur exploi- cité forcée représentent 3 % de
Conclusion
tation (c’est le cas de 11 % des l’ensemble des victimes (soit 73
femmes victimes). victimes suivies par 7 associa- La traite des êtres humains est
iii. Les victimes de con- tions). La mendicité forcée con- un phénomène complexe à me-
trainte à commettre des dé- cerne principalement des surer et peut être étudiée à tra-
lits femmes, cependant la réparti- vers différentes sources de don-
tion des victimes selon le genre nées. Les données administra-
En 2018, les victimes de con- est moins marquée que pour les tives nous renseignent sur les
trainte à commettre des délits autres formes d’exploitation : victimes et auteurs connus par
représentent 5 % de l’ensemble 58 % sont des femmes et 42 % les autorités, cependant les in-
des victimes dans l’enquête des hommes. Les victimes sont formations disponibles sont as-
(soit 135 victimes suivies par 5 jeunes : 59 % ont moins de 18 sez limitées (sexe, âge et natio-
associations). Ces dernières ans. Quasiment toutes sont ori- nalité). La mise en place de l’en-
sont principalement mineures : ginaires d’Europe de l’Est et du quête auprès des associations a
96 %. La plupart sont de jeunes Sud : 58 % étaient originaires de permis de mettre en lumière les
garçons (84 %). Ces victimes Roumanie et 36 % de Bulgarie. victimes qui restaient invisibles
sont originaires de 7 pays dont Comme pour la contrainte à des autorités. Ces données ap-
61 % de Roumanie. Pour 96 % commettre des délits, pour 96 % portent des éléments de con-
d’entre elles, le principal exploi- d’entre elles, l’exploiteur princi- naissances complémentaires sur
teur fait partie de la famille ou pal fait partie de la famille, la ce phénomène criminel en met-
de la belle-famille. Bien que ces belle-famille ou est le conjoint. tant en évidence des spécificités
réseaux soient familiaux, ils Les associations n’ont reporté selon les formes d’exploitation,
semblent étendus, toutes les aucun déplacement à la police ou les pays d’origine ou encore les
victimes faisaient partie d’un à la gendarmerie, ni aucune conditions d’exploitation.
réseau de traite exploitant plainte enregistrée. Ces victimes
d’autres victimes. L’emprise des accompagnées par les associa-
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N 30– Juillet 2020
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