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mence mises en oeuvre devant les  d’affaires (article L. 561-6 du Code  illégal  le  III  de  l’article  R. 561-38
         autorités de régulation et de con- monétaire  et  financier)  et  autour  du  même  code,  pris  pour l’appli-
         trôle telles que l’AMF et l’ACPR.   de  l’obligation  de  formation  et  cation de l’article L. 561-32, faute
                                            d’information  des  collaborateurs  de définir avec une précision suf-
         III.  La  jurisprudence  de  la    (article L. 561-33  du  Code  moné- fisante  les  principes  devant  gui-
                                            taire et financier).
                                                                               der la mise en place des systèmes
         Commission  nationale  des                                            d’évaluation  et  de  gestion  des
         sanctions                          Les manquements à ces trois obli-  risques  par  les  professions  assu-
                                            gations représentent en effet pour
         Pour  l’année  2019,  la  Commis- chacune  d’entre  elle  près  d’un   jetties  à  cette  obligation neutrali-
         sion  nationale  des  sanctions  a  quart  du  total  des  manquements   sant son application. Le décret du
         sanctionné  quatre-vingt-cinq  per- sanctionnés.                      18 avril 2018 – décret applicable
                                                                                   er
         sonnes (48 % étant des personnes                                      au 1  octobre 2018 qui avait an-
         morales  et  52  %  des  personnes   D’autres  manquements  sont  rete- ticipé  la  décision  du  Conseil
         physiques)  et  prononcé  cent-    nus moins fréquemment comme  d’État  –  a  complété  l’article  R.
         cinquante-huit  sanctions.  À  titre   l’obligation  de  mettre  en  place  561-38  permettant  à  nouveau  la
         de  comparaison,  elle  avait  pro-  des  mesures  de  vigilance  com- sanction  du  défaut  de  mise  en
         noncé cent-huit sanctions en 2018   plémentaires  (article  L.  561-10  place  d’un  système  d’évaluation
         et  quatre-vingt-cinq  en  2017.   du Code monétaire et financier),  et  de  gestion  des risques LCB/FT
         Cette  augmentation  traduit  une   celle  d’interrompre  la  relation  par  les  assujettis  soumis  au  con-
         montée en puissance continue de    d’affaires (article L. 561-8 du Code  trôle  de  la  Commission  nationale
         la Commission depuis le début de   monétaire et financier) et l’obliga- des sanctions.
         son  activité  en  2014  (Code  de  la   tion  de  conserver  pendant  cinq
                                            ans  des  documents  et  informa-
         compliance,  2021,  Dalloz).  Avec   tions  recueillis  par  le  profession-  B. Les  sanctions  prononcées
         mille cent-quarante-cinq sanctions                                    par  la  Commission  nationale
         prononcés  depuis  sa  création    nel assujetti (article L. 561-12 du   des sanctions
         dont le choix est guidé par le res-  Code  monétaire  et  financier).  Le
                                            manquement à l’obligation de dé-
         pect du principe de proportionna-  claration de soupçons à la cellule   La  Commission  nationale  des
         lité  (B),  la  jurisprudence  de  la                                 sanctions  peut  prononcer  au
         Commission  nationale  des  sanc-  de renseignement financier TRAC-   titre  de  l’article  L.  561-  40  du
         tions  retient  de  nombreux  man-  FIN  a  été  quant  à  lui  établi  dans   Code  monétaire  et  financier  les
         quements qui permettent d’alerter   trois  dossiers  seulement  le  plus   sanctions suivantes : l’avertisse-
                                            souvent  faute  d’éléments  suffi-
         les professionnels assujettis (A).                                    ment,  le  blâme,  l’interdiction
                                            sants.                             temporaire d’exercice de l’activi-
         A. Les  manquements  retenus       L’importance  quantitative  de  ces   té ou d’exercice de responsabili-
         par  la  Commission  nationale     griefs  peut  étonner  au  regard  de   tés  dirigeantes  au  sein  d’une
                                                                               personne  morale  exerçant  cette
         des sanctions                      l’obligation de mise en place d’un
                                            système  d’évaluation  et  de  ges-  activité  pour  une  durée  n’excé-
         Les  catégories  de  manquements   tion des risques qui est la clé de   dant  pas  cinq  ans  ainsi  que  le
         sanctionnés  en  2019  confirment   voûte de la lutte contre le blanchi-  retrait d’agrément ou de la carte
         les tendances observées depuis la   ment  de  capitaux  et  le  finance-  professionnelle.  La  sanction  de
         création  de  la  Commission  natio-  ment du terrorisme et qui semble   l’interdiction  temporaire  d’exer-
         nale des sanctions. Ainsi, les man-  le  plus  souvent  défaillant,  voire   cice peut être assortie du sursis.
         quements les plus récurrents s’ar- inexistant.  Cet  état  de  fait  s’ex-  Par ailleurs, la Commission peut
         ticulent  autour  de  trois  obliga- plique par l’impossibilité de pour-  prononcer en vertu des disposi-
         tions  cardinales.  Les  manque- suivre ce grief tiré de l’absence de   tions  du  Code  monétaire  et  fi-
         ments  autour  de  l’obligation    système  d’évaluation  et  de  ges-  nancier, à la place ou en plus de
         d’identification  et  de  vérification   tion des risques (art. L. 561-32 du   ces  sanctions  administratives,
         de l’identité du client et des béné-  Code  monétaire  et  financier)  du-  une  sanction  pécuniaire  dont  le
         ficiaires  effectifs  (article  L.  561-5   rant plus d’une année à la suite de   montant est fixé en fonction de
         du  Code  monétaire  et  financier),   la décision du Conseil d’État SCMF   la  gravité  des  manquements
         autour de l’obligation de recueillir   n° 408288 et n° 414774 du 4 mai   commis,  sans  pouvoir  dépasser
         des informations et d’exercer une  2018.                              le plafond légal de cinq millions
         vigilance constante sur la relation                                   d’euros. Les sommes sont recou-
                                            Cette  décision  a  en  effet  déclaré


                                                                                                            29
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