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TRACFIN, l’Autorité des marchés qui ont été attaquées par des équivalente en devises ou au
financiers (AMF), l’Autorité de escrocs usurpant l’identité de crédit d’un compte. De fait, des
contrôle prudentiel et de résolu- fournisseurs de matériels sani- transferts croisés ont lieu en
tion (ACPR), l’AFA, la HATVP, la taires et utilisant des comptes tout anonymat avec une appa-
Direction générale de la concur- bancaires rebonds ouverts à rence de légalité.
rence, de la consommation et de l’étranger (pays limitrophes et
la répression des fraudes d’Europe de l’est). Le préjudice iii. La corruption et les at-
(DGCCRF), la DCPJ, la Préfecture a, en l’occurrence, dépassé 11,8 teintes à la probité
de Police, la Direction générale de millions d’euros, les tentatives La France est concernée tant par
la gendarmerie nationale (DGGN), représentant 41,4 millions d’eu- la corruption active (décideurs
la Direction générale des douanes ros. Ces fraudes reposant sur la publics, agents publics étran-
et droits indirects et le service technique de l’ingénierie sociale gers) que passive et par consé-
d'enquêtes judiciaires des fi- et l’anonymisation des commu- quent par des flux entrants
nances (DGGDI/SEJF)... nications en utilisant des outils (acquisition de biens immobi-
technologiques performants sont
L’optimisation de l’action com- liers) et sortants (produit de la
mande un meilleur partage de le fait, pour les plus embléma- corruption blanchi par des tran-
l’information et le renforcement tiques, d’une criminalité franco- sactions internationales). L’ONG
de la coordination institutionnelle israélienne, décidément parfai- Transparency International classe
permettant ainsi d’obtenir des tement installée dans cette cri- notre pays en 23ème position sur
sanctions adaptées et dissua- minalité transnationale. 180 au niveau mondial.
sives.
ii. Le blanchiment de fonds
B. Les stratégies de lutte
II. L’état de la menace et Le blanchiment de fonds se maté- contre la criminalité finan-
les stratégies mises en rialise principalement par le phé- cière
nomène dit « des collecteurs d’es-
oeuvre pour la contrer pèces ». La Cour des comptes es- Professionnalisation et sophisti-
time que l’économie souterraine cation caractérisent donc la crimi-
A. Les principales menaces représente pour l’État entre 8 et nalité financière, qui est en per-
pétuelle adaptation aux spécifici-
15% du PIB annuel. Afin de
La criminalité financière s’ins- tés temporelles, géographiques et
crit dorénavant dans le panora- « passer sous les radars » des technologiques. Ainsi se dévelop-
professions assujetties, c’est un
ma criminel français déclinée en pent le e-commerce, les cartes
trois menaces majeures. système bancaire parallèle qui prépayées, les néo-banques, l’uti-
s’est développé, répondant à la
loi de l’offre et de la demande, lisation de crypto actifs, l’en-
i. Les fraudes semble reposant sur l’anony-
avec des alliances d’opportunité
L’ensemble des fraudes génère nouées entre des groupes crimi- mat, l’immédiateté de la tran-
des profits illicites colossaux nels communautaires d’origines saction et la rupture de traçabili-
(fraudes sociales, fiscales, doua- chinoise, maghrébine, moyenne- té du flux financier. Face à ces
nières ou escroqueries à l’inves- orientale…. Le mode opératoire le phénomènes émergents sans pré-
tissement…). Ainsi, sur les dix plus abouti est la compensation cédent, les services d’enquêtes et
dernières années, les Faux (« hawala »), qui consiste à re- judiciaires devant faire face à
Ordres de Virement Internatio- mettre des espèces à une clien- plus de 400 000 faits annuelle-
naux (FOVI) ont impacté plus de tèle diversifiée sollicitant des ment, doivent développer de nou-
3 000 sociétés et administra- liquidités tels les fraudeurs fis- velles stratégies afin d’éviter
tions françaises, induisant un caux, les entrepreneurs et com- l’embolie du dispositif répressif.
préjudice de plus de 813 mil- merçants ayant recours au tra-
lions d’euros, les tentatives re- vail dissimulé…. En contrepar- i. Le renforcement de la dé-
présentant près de 1,7 milliard tie, celle-ci met à disposition du tection des signaux faibles et
le partage du renseignement
d’euros. Pendant la crise de la banquier occulte appelé superfa-
COVID-19, ce sont 80 sociétés cilitateur (« saraf ») une somme Les principaux acteurs sont
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N 32– Janvier 2021