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grâce à leurs compétences, juge- l’autre moyen utilisé par les CRF  deux caractéristiques.
         ront de la gravité des opérations  pour  communiquer  entre  elles.   A.  Les  systèmes  purement
         financières   déclarées   et   du  Allégé  des  pesanteurs  institu-
         «  potentiel  d’exploitation  judi- tionnelles  et  organisationnelles   déclaratifs  :  la  résistance
         ciaire » de chaque dossier.        qu’un  groupement  multilatéral  -  suisso-luxembourgeoise
                                            fut-il  modeste  dans  son  organi-  Le  Luxembourg  et  la  Suisse  ont
         B. La coopération internatio-      sation comme le Groupe Egmont      fait  le  choix  de  systèmes  décla-
         nale                               - engendre, ce procédé de coopé-   ratifs  qui  peuvent  être  qualifiés
                                            ration  est  très  efficace  dans   de  «  purs  ».  En  effet,  ces  pays
            i. Le Groupe Egmont             l’exercice  quotidien  des  mis-   ont  institué  des  obligations  de
                                            sions des CRF. De nombreux ac-     déclarations  fondées  sur  l’inter-
         Sur  le  fondement  de  textes  inter-
         nationaux  ou  à  portée  régionale ,   cords  bilatéraux  de  coopération   vention  humaine,  avec  toute  la
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         la  coopération  entre  les  CRF  n’a   ont  donc  été  signés  lors  de  ces   subjectivité  que  cela  comporte,
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         cessé de croître lors de ces quinze   deux  dernières  décennies .  Les   et  ne  prévoient  pas  de  déclara-
                                            CRF  du  Luxembourg ,  TRACFIN
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         dernières  années.  La  coopération                                   tions  automatiques  fondées  sur
         transnationale  étant  essentielle  à   (Traitement du renseignement et   des critères objectifs légalement
         une harmonisation de la lutte anti-  action  contre  circuits  financiers   énumérés par la loi ou les règle-
         blanchiment,  les  CRF  échangent   clandestins)  et  la  CTIF  (Cellule   ments  LAB/CFT.  Si  les  autorités
         des  informations  entre  elles  et,   de  traitement  des  informations   luxembourgeoises  et  la  CRF  du
         sur  autorisation,  avec  les  autres   financières)  entretiennent  des   Parquet économique et financier
         autorités  chargées  de  la  lutte   réseaux développés de CRF avec   de Luxembourg ont pu un temps
         contre  la  criminalité  en  général   lesquelles  elles  ont  conclu  des   céder  à  la  tentation  d’un  sys-
         (ex  :  services  des  douanes,  admi-  accords,  ce  qui  permet  de  nom-  tème  déclaratif  tendant  vers  le
                                            breux  échanges  d’informations
         nistrations fiscales, organismes de                                   refus  de  la  considération  de  la
                                                                                           11
         sécurité sociale).                 dont  certaines  seront  utilisées   subjectivité ,  provoquant  ainsi
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         La  création  du  Groupe  Egmont  diciaires après accord donné par    des  déclarations  de  doute,  l’es-
         en 1995 est la concrétisation du  la CRF expéditrice sur la commu-    prit du système reste similaire à
         besoin  d’échanger  de  l’informa- nication  d’informations  à  des   la  philosophie  du  déclarant
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         tion dans le cadre de la coopéra- tiers .  Dès  lors,  en  sus  d’être   suisse. Ce dernier, bercé par les
         tion  internationale,  entre  autres  une aide précieuse aux enquêtes   longues années d’existence d’un
         objectifs . La charte de ce groupe  internationales,  de  telles  possi-  simple  droit  de  communication,
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         opérationnel,  dont  le  secrétariat  bilités  d’échanges  favorisent  la   a cultivé l’art de ne pas déclarer
         est basé à Toronto et qui est com- constitution  de  bases  de  don-  de simples doutes, mais unique-
         posé  de  150  membres,  prévoit,  nées  qui  peuvent  être  gigan-   ment  des  soupçons  dont  la
         sous  condition  de  réciprocité,  tesques (c’est le cas de celles du   preuve  est  rapportée,  sauf  en
         d’agrément mutuel et de protec- CANAFE  (Centre  d’analyse  des       cas  de  «  gêne  »  éprouvée  par
         tion  des  données  échangées,  opérations et déclarations finan-     l’assujetti,  sentiment  non  étayé
         l’échange    à   titre   gracieux  cières  du  Canada)  et  du  FinCEN   par  des  motifs  raisonnables  et
         d’informations    permettant    la  (The  Financial  Crimes  Enforce-  qui  peut  encore  aujourd’hui
         conduite  d’analyses  de  cas  de  ment Network).                     constituer  le  motif  d’une  décla-
         soupçon de blanchiment de capi-                                       ration au MROS (Bureau de com-
         taux ou de financement du terro-   II.  La  comparaison  des  munication  en  matière  de  blan-
         risme .  Ce  document  décrivant   systèmes  déclaratifs  na-         chiment  d’argent).  Les  chiffres
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         les  rôles  et  responsabilités  des                                  actuels  tirés  des  rapports  an-
         membres  indique  que  ceux-ci     tionaux                            nuels  de  la  CRF  suisse  démon-
         sont  liés  par  leur  adhésion  au  L'étude  des  CRF  démontre  la  trent  que  les  volumes  de  décla-
         Groupe. Ils doivent ainsi partici- coexistence de systèmes déclara- rations  ont  augmenté  mais  res-
         per  à  des  groupes  de  travail  ré- tifs obéissant à des logiques dif- tent dans les limites d’une crois-
         gionaux  ainsi  qu’aux  réunions  férentes.  Ainsi,  entre  les  sys- sance des volumes très modérée
         plénières.                         tèmes  purement  déclaratifs  et  et ce, depuis de nombreuses an-
                                            ceux  qui  privilégient  une  auto- nées . Ce système est en défini-
                                                                                   12
            ii. La coopération bilatérale
                                            maticité  des  déclarations,  il  en  tive l’archétype d’un système de
         La  coopération  bilatérale  est  existe  d’autres  qui  mêlent  ces  déclaration volontaire « pur ».

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                                                       N 19– Juillet 2017
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