Page 55 - revue_N19_juillet_2017
P. 55

lecte,  d’analyse  et  de  diffusion  d’informa-   2)  No  dissemination  or  use  of  the  infor  à l'article L561-2 sont également tenues de
            tions  concernant  d’éventuelles  opérations    mation for any other purpose without  pri-  déclarer  au  service  mentionné  à  l'article
            de blanchiment d’argent », v. le site inter-  or consent of the providing FIU.    L561-23  toute  opération  pour  laquelle
            net  www.un.org.  Pendant  très  longtemps,      3)  Protection  of  the  confidentiality  of  the   l'identité du donneur d'ordre ou du bénéfi-
            le  GAFI  fut  silencieux  sur  la  notion  de      information »,  v.  EGMONT  GROUP,  Egmont   ciaire effectif ou du constituant d'un fonds
            CRF.  Les  expressions  « autorités  compé-     Group of Financial Intelligence Units Char  fiduciaire  ou  de  tout  autre  instrument  de
            tentes » ou « administrations nationales »      ter, 30 octobre 2013, p.8.   gestion d'un patrimoine d'affectation reste
            étaient  employées  mais  aucune  référence                          douteuse  malgré  les  diligences  effectuées
            n’était faite quant à l’organisation souhai- 8.   À  titre  d’illustration,  v.  les  récents  ac-  conformément à l'article L561-5 ».
            tée, le statut, ou le rôle exact que devaient   cords entre l’unité française et les CRF de   16. Art.  D  561-31-1  du  COMOFI.  L’ancienne
            remplir  ces  institutions.  Dans  son  docu-  Jersey  et  Guernesey  (mai  2015)  suite  aux   mouture  de  l’art.  L561-15-1  I  avait  un
            ment  consultatif  publié  en  mai  2002,  le   échanges  institutionnels  croissants  à  la   champ   plus   réduit   qui   visait   les
            GAFI fit remarquer que le concept de CRF   fin  de  l’année  2014  entre  ces  unités,  v.   « opérations  de  transmission  de  fonds
            était  déjà  défini  par  le  groupe  Egmont  et   TRACFIN,   Rapport   annuel   d’activité   effectuées  à  partir  d’un  versement  d’es-
            qu’il  n’était  pas  nécessaire  de  répéter   Tracfin, 2014, p.48.   pèces  ou  au  moyen  de  monnaie  élec-
            cette  définition  (la  recommandation  29  a   9.  La  base  légale  de  la  coopération  interna-  tronique »
            depuis  intégré  cet  aspect).  Au  niveau  eu-  tionale  pour  la  CRF  luxembourgeoise  est
            ropéen,  la  4   directive  reprend  dans  son   l’art.   26-2   du   Code   d’instruction   17. P. MICHAUD, Tracfin, blanchiment et fraude
                     è
            art. 32-1 l’obligation faite à tous les États   criminelle.  À  la  fin  2013,  le  Luxembourg   fiscale : les déclarations de soupçon, J.C.P.
            membres de se doter d’une CRF.     avait   signé   31   accords   bilatéraux   Ent. n°42, 15 octobre 2009, p.18.
          2.  Concernant  la  C.R.F.  française,  v.  H.  ROB-  (l’absence des États-Unis est notable).   18. Pour  une  étude  approfondie  du  système
            ERT,  TRACFIN,  « clé de  voûte »  de  la  lutte   10. 22  Contrôle  Prudentiel  et  de  T.ar  ce  n'   global  canadien  de  prévention  des  activi-
            anti-blanchiment  en  France,  Revue  de   comprends  pas  )s  financiers  clandestins)  tés  de  blanchiment  de  capitaux  et  de  fi-
            Droit  bancaire  et  financier.,  novembre-  Qui ne sont cependant pas automatiques,   nancement du terrorisme, v. G. BÈGUE, Le
            décembre  2007,  p.17 ;  Ch.  CUTAJAR,  La   v. le cas de la CR.F. luxembourgeoise qui   système  canadien  de  lutte  contre  le  recy-
            cellule Tracfin devient un service à compé-  en 2013 a refusé à 14 reprises la commu-  clage  des  produits  de  la  criminalité  et  le
            tence nationale, JCP éd. Ent., n°9, 1  mars   nication   d’informations   par   la   CRF   financement  des  activités  terroristes,  Let-
                                      er
            2007, p.3.                         étrangère  à  des  tiers  lorsque  la  demande   tre Sentinel n°38, Juin-Juillet 2006, p.4.
          3.  Les  CRF  ont  par  exemple  un  rôle  de  for-  ne vise pas des fins de poursuite de l’in- 19. Le droit luxembourgeois est un bon exem-
            mation et de sensibilisation accru auprès   fraction  de  blanchiment  ou  lorsqu’il  per-  ple puisqu’il se limite à exiger du profes-
            des professionnels assujettis et  du grand   siste  un  risque  de  compromettre  une   sionnel  du  secteur  financier  qu’il  déclare
            public. Ce rôle est, depuis le début de son   instruction  en  cours  à  Luxembourg,  v.   au  procureur  d’État,  dans  le  cadre  de  la
            existence,  dévolu  au  CANAFE  qui  a  pour   C.R.F.  DU  PARQUET  DE  LUXEMBOURG,  op.  cit.,   lutte contre le financement du terrorisme,
            mission d’accroître le niveau de sensibili-  p.28.                   « les  transactions  dans  lesquelles  in-
            sation  et  de  compréhension  du  public  à   11. Principalement  sous  la  pression  du  GAFI   terviennent des personnes figurant sur les
            l’égard  des  questions  de  blanchiment   et la crainte du rapport d’évaluation pub-  listes  officielles  reprenant  des  terroristes
            d’argent,  v.  le  site  internet  du  Gouverne-  lié en 2010 et qui fut effectivement mau-  ou   organisations   terroristes   présu-
            ment du Canada : www.gc.ca.        vais, notamment pour les aspects répres-  més »  (étonnamment  non  repris  en  droit
          4.  Art. L561-23 du COMOFI, art. 22 de la loi   sifs.                  français  pendant  longtemps).  Le  règle-
                                                                                 ment  CE  1781/2006  est  également  repris
            belge  de  1993  modifiée;  pour  la  Suisse,   12. Avec  même  une  baisse  du  nombre  de   dans  les  textes  de  la  commission  de  sur-
            l’ordonnance  sur  le  bureau  de  communi-  déclarations  entre  2011  et  2013,  v.   veillance du secteur financier  (CSSF), une
            cation en matière de blanchiment d'argent   M.R.O.S., Rapport annuel 2014, op. cit, p.9.   mesure  qui  relève  probablement  plus  du
            (OBCBA), R.O. 2004 4181 du 25 août 2004                              devoir  d’information  que  d’une  volonté
            décrit les tâches et les responsabilités du   13. JurisClasseur Fiscal, Modalités de l’obliga-  interprétative du régulateur. V. id., Trans-
            MROS.                              tion de déclaration de soupçon, Fasc. 670-  ferts   de   fonds   et   prévention   du
                                               35 III, 03-2012, 3 novembre 2011.
          5.  Art.  2-1  de  la  décision  du  Conseil                           blanchiment  de  capitaux  et  du  finance-
            2000/642/JAI du 17 octobre 2000 relative  14. Ce caractère automatique existait déjà par   ment  du  terrorisme  bancaire,  Banque  et
            aux  modalités  de  coopération  entre  les   les deuxième et troisième alinéas de l’an-  Droit, n°117, Janvier-Février 2008, pp.9-20
            cellules  de  renseignement  financier  des   cien  art.  L562-2  du  COMOFI,  qui  pré-  20. ACP, op. cit., p.7.
            États  membres  en  ce  qui  concerne  l'é-  voyaient  une  obligation  de  déclaration
            change d'informations se lit comme suit :   relative  à  des  circonstances  particulières  21. ACP  et  TRASCFIN.,  Lignes  directrices  con-
            « une unité nationale centrale qui, aux fins   entourant  une  opération  ou  une  transac-  jointes de l’Autorité de Contrôle Prudentiel
            de  la  lutte  contre  le  blanchiment  de  capi-  tion.  Il  s’agissait  respectivement  de  la   et de TRACF.N sur la déclaration  de soup-
            taux,  est  chargée  de  recevoir  (et,  dans  la   participation  de  bénéficiaires  ou  de  con-  çon, 21 juin 2010, p.3.
            mesure où elle en a le droit, de demander),   stituants dont l’identité n’est pas connue   22. Faute de protection juridique suffisante et
            d'analyser et de transmettre aux autorités   in fine, ou du cas d’une opération ou d’u-  de latitude laissée aux déclarants.
            compétentes  les  informations  financières   ne  transaction  qui  est  effectuée  avec  un
            communiquées  concernant  des  avoirs  sus-  client  établi  dans  un  pays  considéré  23. TRACFIN  a  enregistré  36715  déclarations
            pects d'être des produits du crime, ou req-  comme  ne  respectant  pas  les  principes   en  2014,  un  chiffre  en  progression  de
            uises  par  les  législations  ou  réglementa-  établis  par  l’instance  internationale  de   33,7% par rapport à l’année précédente au
            tions nationales ».                référence (pays « noirs GAF. » à l’époque),   cours  de  laquelle  pas  moins  de  27477
                                               cette déclaration automatique étant condi-  déclarations avaient été reçues. Ce chiffre
          6.  Rendre les CRF.autonomes, améliorer leur   tionnée au franchissement d’un seuil.   a  doublé  entre  2009  (17310  déclarations)
            efficacité opérationnelle et promouvoir la                           et  2014,  un  minimum  de  1500  déclara-
            création de nouvelles CRF.      15. Cette  disposition  a  un  champ  d’applica-  tions supplémentaires chaque année étant
                                               tion plus large que l’ancien art. L561-15 IV
          7.  L’art.  3.1  de  la  charte  du  groupe  Egmont   du  COMOFI  abrogé  par  la  loi  n°2013-672   comptabilisé  depuis  2009,  v.TRACFIN,
            est  rédigé  comme  suit :  « All  members   du 26 juillet 2013 et qui reprenait quasi-  2014, op. cit., p.9. Le responsable de l’in-
            foster the widest possible co-operation and   ment  mot  pour  mot  la  formulation  long-  stitution  ne  s’attendait  pas  à  un  raz-de-
            exchange  of  information  with  other  Eg-  temps  utilisée  pour  le  cas  des  clients   marée déclaratif, mais force est de consta-
            mont Group FIUs on the basis of reciproci-  personne  morales,  des  structures  socié-  ter que l’augmentation est bien là, v. J.-B.
            ty or mutual agreement and following the   taires  ou  des  relations  juridiques  pour   Carpentier, TRACFIN. ne s’attend pas à un
            basic rules established in the Principles:                           tsunami  déclaratif,  Revue  Banque,  n°711,
                                               lesquels  l’identification  du  bénéficiaire   mars 2009, p.51.
             1)  Free  exchange  of  information  for  pur  effectif n’est pas des plus faciles. Il était
             poses of analysis at FIU level.    rédigé ainsi : « les personnes mentionnées  24. National crime agency, 2014, op. cit., p.9.


                                                                                                            55
                                                      N 19– Juillet 2017
                                                       °
   50   51   52   53   54   55   56   57   58   59   60